Le festival de la semaine dernière à Montréal, puisqu'il y a des festivals en continu tout l'été, c'était "Divers/cité, la fête gaie de Montréal, all together different".
Parlons du positif d'abord. Sur le papier, c'est bien. Le fait même qu'il existe un tel festival, sur une semaine entière, avec des moyens comparables aux autres (notamment rues fermées et scènes sponsorisées par des grandes entreprises québécoises), est une conséquence ou une illustration de l'ouverture d'esprit de cette ville (de même d'ailleurs le fait que le "village gai" soit mentionné dans tous les guides touristiques comme une des choses à voir à Montréal, sur le même plan que les autres curiosités de la ville). En plus, le concept est très louable : "Divers/Cité, la fête gaie de Montréal, est une manifestation artistique populaire, moderne et avant-gardiste. Reflet d’un cœur urbain en mouvement, le festival présente des spectacles publiques à l’écoute des nouvelles tendances et ouverts aux différences. Les nombreux visiteurs de l’extérieur de la province sont ravis d’assister, année après année, à cette fête sous le signe de la diversité et nous félicitent pour cette réussite exceptionnelle de mixité."
Je suis allé à l'événement dénommé "la grande danse" dimanche après-midi, en remplacement du Piknic Eletronik qui était inclus dans un festival de rock et électro ce week-end.
Eh bien la diversité, je ne l'ai pas vue. Premier constat en arrivant sur place : il n'y a que très peu de femmes. Et les homosexuelles alors? De tout l'après-midi, j'ai vu seulement cinq couples de femmes, sur un bon millier de personnes que j'ai dû croiser. Ensuite, on est saisi par l'uniformité : ils ont tous la même coupe, les mêmes lunettes de soleil, le même style vestimentaire, les mêmes piercings, une musculature et un bronzage exhibés qui font pas naturels, et aussi... la même couleur de peau. En gros, il n'y a là que les gays du "village", à deux pas d'ici. Où sont les autres? les gays qui ne ressemblent pas à ces clones (je concède qu'il y a plusieurs modèles de base pour les clones)? les filles? les bis? les hétéros? les noirs, les latinos, les asiatiques, les arabes? Il y en a, mais quand on sait combien Montréal est une ville cosmopolite (comme une grande ville d'Amérique du Nord, quoi), on se dit qu'il en manque. Je les ai déjà vus, les gays de la rue Sainte-Catherine, au Piknic Electronik, ils sont assez nombreux. Même là dans un milieu plutôt bienveillant, ils se regroupent dans le même coin de la piste de danse, y recréant un morceau de leur ghetto.
Bref, c'est une bonne chose que ce festival existe, mais à mon avis l'objectif est raté (à la nuance près que je n'ai vu qu'un des nombreux événements organisés). Les gays de la rue Sainte-Catherine s'amusent entre eux, exit la diversité des sexualités et la mixité ethnique. On n'ouvre pas plus les esprits étroits, et le pauvre adolescent incertain de son hétérosexualité ne sera sûrement pas rassuré par ce qu'il pourra y voir. Quant à la pauvre adolescente préoccupée par le même sujet, il n'y a rien pour elle.
Ouf, la musique était bonne.
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